Le cannabis de A à Z

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Le cannabis contient des molécules psychoactives et psychotropes, c'est-à-dire qui modifient l'état de conscience, les sensations et les émotions. Il existe plusieurs formes de cannabis, comme la résine (ou haschich), l'herbe (ou marijuana) ou l'huile. C'est un produit illicite qui est le premier consommé par les Français, aussi bien par les adolescents que par les adultes. Nous allons présenter les principales caractéristiques du marché et des usages du cannabis, ainsi que les conséquences sanitaires, sociales et juridiques de sa consommation.

Quelle est l'histoire du cannabis ?

Le cannabis est une plante qui est utilisée par les humains depuis des millénaires, pour ses diverses applications médicales, industrielles, religieuses et récréatives. Selon les sources, le cannabis serait originaire d'Asie centrale, de Chine ou d'Inde, et se serait répandu ensuite à travers le monde. Voici un résumé de son histoire :

  • Environ 4000 av. J.-C. : premières traces de culture du cannabis en Chine, où il est utilisé pour sa valeur nutritive, ses fibres et son papier.
  • Environ 3000 av. J.-C. : le cannabis est cultivé en Asie centrale, notamment dans le désert de Taklamakan, et en Inde, où il est associé à la religion hindoue et au dieu Shiva.
  • Entre 2000 et 1000 av. J.-C. : le cannabis se diffuse en Europe, en Afrique et au Moyen-Orient, où il est employé pour ses propriétés médicinales, textiles et psychoactives. Il est mentionné dans les textes védiques sous le nom de soma.
  • Entre 500 et 100 av. J.-C. : le cannabis atteint l'Amérique du Sud par les migrations humaines, et est utilisé par les peuples indigènes pour ses effets psychotropes.
  • Entre le Ier et le 15e siècle : le cannabis se répand dans le monde islamique, où il est appelé haschich ou kif, et est consommé pour ses vertus relaxantes et euphorisantes. Il est aussi introduit en Afrique subsaharienne par les marchands arabes.
  • Entre le 16e et le 18e siècle : le cannabis est cultivé massivement dans les colonies européennes d'Amérique du Nord et du Sud, pour sa production de chanvre. Il est aussi utilisé comme médicament par les colons et les esclaves.
  • Au XIXe siècle : le cannabis devient un sujet d'intérêt scientifique et médical en Occident, grâce aux travaux du médecin irlandais William O'Shaughnessy, qui l'introduit en Europe après l'avoir découvert en Inde. Il est prescrit pour traiter diverses maladies, comme les spasmes musculaires, les douleurs ou l'épilepsie.
  • Au début du XXe siècle : le cannabis commence à être restreint dans de nombreux pays, sous l'influence des États-Unis et de l'ONU, qui y voient une menace pour la santé publique et la sécurité sociale. Il est associé à des tensions raciales et de classe, et à des mouvements contestataires.
  • À partir des années 1960 : le cannabis connaît un regain de popularité dans la culture occidentale, notamment chez les jeunes, les artistes et les militants. Il devient un symbole de liberté, de créativité et de contestation du système établi.
  • À partir des années 1990 : le cannabis fait l'objet d'un débat sur sa légalisation ou sa décriminalisation dans plusieurs pays, qui invoquent des arguments sanitaires, économiques ou sociaux. Certains pays autorisent son usage médical ou récréatif, comme l'Uruguay, le Canada ou certains États des États-Unis.

Production / offre

Le cannabis provient principalement de trois régions du monde : le Maroc, qui produit la résine ; l'Afrique subsaharienne et l'Amérique latine, qui produisent l'herbe ; et l'Europe, qui produit de plus en plus d'herbe en culture indoor (sous serre ou en intérieur). D'après l'OFDT (Observatoire français des drogues et des toxicomanies), le chiffre d'affaires du cannabis en France était estimé à 1,2 milliard d'euros en 2017, soit environ 40% du marché total des drogues illicites. Le cannabis représente aussi la première source de revenus des trafiquants de drogue.

Modes d’approvisionnement en cannabis

Les modes d'approvisionnement en cannabis sont variés et ont évolué ces dernières années. Les principaux canaux sont les réseaux de proximité (amis, connaissances, dealers de quartier), les livraisons à domicile (par téléphone ou par internet), les achats à l'étranger (notamment aux Pays-Bas ou en Espagne) et l'autoproduction (en extérieur ou en intérieur). La Covid-19 a eu un impact sur le marché du cannabis, entraînant une pénurie temporaire de résine, une hausse des prix, une diversification des sources d'approvisionnement et une augmentation de l'autoproduction. On retrouve dorénavant dans les magasins de cannabis légal des cannabinoïdes synthétiques qui imitent à la perfection le THC comme le HHC, le THCP, le THCV, le H4CBD, le VMAC etc...

Teneur et prix

La teneur en THC varie selon la forme et la provenance du produit. Selon l'OFDT, la teneur moyenne en THC était de 22% pour l'herbe et de 19% pour la résine en 2020, des niveaux donc très supérieurs à ceux observés il y a encore vingt ans. Le prix moyen du gramme de cannabis était de 11 euros pour l'herbe et de 8 euros pour la résine en 2020, soit une augmentation de respectivement 22% et 37% par rapport à 2019.

Consommation

La consommation de cannabis en France concerne environ 5 millions de personnes, dont 1,4 million de consommateurs quotidien (au moins 10 fois par mois) et 700 000 de consommateurs quotidiens. Les dérivés de la plante sont en majorité consommé par les adolescents : selon l'enquête ESCAPAD 2022, 39% des jeunes de 17 ans ont déjà expérimenté le cannabis, 18% en ont consommé au cours du dernier mois et 7% en consomment quotidiennement. La consommation de cannabis baisse après avec l'âge : selon le Baromètre santé 2017, 11% des adultes ayant de 18 à 64 ans ont déjà utilisé du cannabis au cours de l'année, 3% au cours du dernier mois et 1% quotidiennement. Il y a une plus grande consommation chez les hommes, chez les personnes ayant un niveau d'éducation en dessous des études supérieures, et chez les personnes vivant dans les villes.

Conséquences

La consommation de cannabis peut avoir des effets positifs à court terme, comme la détente, la stimulation ou l'euphorie, mais aussi des effets négatifs, comme l'anxiété, la paranoïa ou les troubles cognitifs. À long terme, la consommation régulière ou intensive de cannabis peut entraîner une dépendance psychologique, une altération des capacités intellectuelles (mémoire, attention, raisonnement), une aggravation ou un déclenchement de troubles psychiatriques (dépression, schizophrénie), des risques respiratoires (bronchite, cancer du poumon) et des risques cardiovasculaires (infarctus, accident vasculaire cérébral). La consommation de cannabis peut aussi avoir des conséquences sociales, comme des difficultés scolaires, professionnelles ou familiales, ou des problèmes judiciaires, liés à la législation répressive en vigueur en France.

La morbidité et la mortalité

Le cannabis est la première cause de demande d'aide pour un problème de drogue en France. Selon l'OFDT, le nombre de personnes accueillies dans les centres, qui accompagnent et effectuent de la prévention en addictologie (CSAPA) pour une consommation problématique de cannabis a augmenté de 76% entre 2006 et 2017, passant de 50 000 à 88 000. Le cannabis est aussi la première substance impliquée dans les consultations jeunes consommateurs (CJC), qui s'adressent aux jeunes de 12 à 25 ans ainsi que tous ceux qui le souhaitent. Selon l'OFDT, le nombre de jeunes reçus dans les CJC pour une consommation de cannabis a augmenté de 165% entre 2005 et 2015, passant de 10 000 à 27 000. Le cannabis est rarement la cause directe de décès, mais il peut être un facteur aggravant ou contributif,  lors d'accidents de la route et des suicides que l'on recense.

Combien de temps dure la sensation ?

La sensation produite par le cannabis dépend de plusieurs facteurs, comme la quantité consommée, la teneur en THC et CBD, le mode de consommation, le contexte, l'état psychologique du consommateur, etc. En général, le cannabis provoque une sensation de détente, d'euphorie, de rire, de modification du temps et de l'espace, et aussi des effets négatifs comme l'anxiété, de la paranoïa, perte de mémoire, de la concentration ainsi que de la coordination. Ces effets apparaissent quelques minutes après avoir fumé du cannabis et peuvent durer plusieurs heures. Si le cannabis est ingéré (par exemple dans des gâteaux), les effets sont plus tardifs (30 à 90 minutes) mais plus intenses et plus durables.

Crée-t-elle une dépendance ?

Le cannabis peut créer une dépendance chez certaines personnes qui en consomment régulièrement et à forte dose. La dépendance peut provenir par une très forte envie de consommer du cannabis, une difficulté à contrôler sa consommation, malgré les problématiques de la vie sociale ou professionnelle, et un syndrome de manque en cas d'arrêt ou de diminution de sa consommation quotidienne. Le syndrome de sevrage se caractérise par des symptômes comme de l'irritabilité, de l'insomnie, de l'anxiété, une baisse de l'appétit ou une dépression.

Le cannabis agit sur le système nerveux en se fixant sur des récepteurs spécifiques appelés récepteurs cannabinoïdes. Ces récepteurs sont présents dans différentes régions du cerveau impliquées dans le contrôle des émotions, de la mémoire, du mouvement, de la douleur, etc. La molécule THC est responsable des effets psychotropes, car il active les récepteurs cannabinoïdes et modifie l'équilibre chimique du cerveau. Le CBD a plutôt des effets anti-inflammatoires, anticonvulsivants et anxiolytiques, car il inhibe l'action du THC et interagit avec d'autres systèmes neurologiques.

Perceptions / opinions

La perception du cannabis en population générale est ambivalente. D'un côté, le cannabis est considéré comme une drogue douce, relativement inoffensive et largement répandue. De l'autre, le cannabis est associé à des risques sanitaires, sociaux et légaux, et à une image négative des usagers. Selon l'OFDT, 56% des Français pensent que le cannabis est dangereux pour la santé en 2018, contre 66% en 2008. Les opinions sur les politiques publiques en matière de cannabis sont également partagées. Selon l'OFDT, 45% des Français sont favorables à une légalisation ou à une dépénalisation du cannabis en 2018, contre 31% en 2008. Les arguments en faveur d'une réforme sont principalement le respect de la liberté individuelle, la régulation du marché et la réduction des risques. Les arguments contre sont principalement la protection de la santé publique, la prévention de l'usage chez les jeunes et le maintien de l'ordre public.

Cadre légal et orientations publiques récentes

Le cannabis est classé comme une substance stupéfiante en France depuis 1970. Sa production, sa détention, son offre, son acquisition et son usage sont interdits et passibles de sanctions pénales. Un consommateur encourt une peine allant jusqu'à 10 ans d'emprisonnement et de 7,5 millions d'euros d'amende. En pratique, les sanctions sont souvent moins sévères, mais restent dissuasives. Selon l'OFDT, il y a eu environ 140 000 interpellations pour usage de cannabis en France en 2019, dont 90% ont eu pour résultat un rappel à la loi ou à une amende forfaitaire délictuelle (AFD) de 200 euros. L'AFD a été instaurée en septembre 2020 pour simplifier et harmoniser le traitement des infractions liées au cannabis. Elle ne concerne que les usagers majeurs sans antécédents judiciaires et ne remet pas en cause le principe de prohibition.

En conclusion, le cannabis est un produit complexe et controversé, qui suscite des débats tant scientifiques que politiques. Il convient donc d'avoir une approche nuancée et éclairée sur ses caractéristiques, ses usages et ses conséquences.

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